À l’approche de la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars prochain, le CFA des Universités a choisi de mettre en lumière des histoires inspirantes de jeunes apprenties. En cette ère moderne, où l’agilité et l’innovation sont les maîtres mots, l’idée que certains métiers soient exclusivement réservés aux hommes relève de l’archaïsme. Les femmes sont, et doivent être, des actrices à part entière du changement socioprofessionnel.

 

C’est dans cette perspective que le CFA a donné la parole à 13 apprenties de talent, évoluant avec succès dans des métiers traditionnellement considérés comme des métiers d’hommes. Leurs récits sont le reflet d’une réalité émergente où la diversité et l’égalité des sexes s’installent comme les piliers incontournables d’une société en évolution constante.

 

Qui mieux que nos apprenties pour vous en parler ?

 

 

Pour ce deuxième jour de la semaine consacré aux droits des femmes, nous nous retrouvons dans un milieu électrisant. Les trois jeunes femmes d’aujourd’hui, Eunice, Ségolène et Shelby ont choisi d’intégrer la formation Génie Électrique et Informatique Industrielle à Chartres. Leurs récits reflètent à la fois leurs vécus et leurs succès dans un contexte où l’égalité des genres demeure une question centrale.

 

 

Question 1 : Pouvez-vous nous présenter votre parcours et ce qui vous a motivé à choisir votre formation ?  

 

Eunice : J’ai eu mon baccalauréat général en 2017 au Congo-Brazzaville dans mon pays. Après cela, j’ai rejoint l’École Supérieure de Technologie du Littoral pour suivre un cursus en Génie des Systèmes Industriels. N’étant pas prête à intégrer le monde du travail, j’ai jugé bon de poursuivre mes études à l’étranger, pour consolider mes compétences et connaissances acquises au cours de ma première formation. Je suis donc arrivée en France où j’ai intégré le Bachelor Universitaire de Technologie en Génie Électrique et Informatique Industrielle. Je suis actuellement en deuxième année, en apprentissage chez Enedis.

 

Ségolène : J’ai choisi ma formation en Génie Électrique et Informatique Industrielle parce que j’ai toujours été passionnée par la technologie et les défis techniques. Mon parcours m’a conduite à cette voie pour concrétiser cette passion, notamment dans le domaine de la signalisation, où je peux contribuer à rendre les transports plus sûrs et plus efficaces.

 

Shelby : J’ai commencé par une filière générale au lycée La Saussaye à Sours, puis en 1ère, je me suis réorientée vers un bac technologique, car je préfère passer par la pratique pour comprendre concrètement à quoi servent les choses. En filière STI2D, j’ai travaillé dans de nombreux domaines en lien avec l’industrie et l’environnement. Après ce diplôme, je voulais continuer mes études dans le domaine industriel, le BUT GEII était la suite logique pour moi.

 

 

Question 2 : Quels défis avez-vous rencontrés en tant qu’apprenties femmes dans ce domaine et quelles sont les réussites qui ont marqué votre parcours ?

 

 

Ségolène : En tant qu’apprentie femme dans ce domaine, j’ai dû surmonter des préjugés et prouver mes compétences. Cependant, mes réussites, comme résoudre des problèmes complexes et contribuer à des projets innovants, ont marqué mon parcours et ont renforcé ma détermination à poursuivre dans cette voie.

 

Shelby : Je n’ai pas rencontré de défi en lien avec mon genre. J’ai été accueillie comme n’importe quel autre employé.

 

Eunice : Je n’ai rencontré aucune difficulté. Pour moi, ce secteur est le même comme tout autre secteur. Pour moi, il n’y a pas de domaine propre aux hommes ou aux femmes et c’est également, la mentalité de mon entreprise.

 

Question 3 : Avez-vous une anecdote sur des personnes de votre entourage personnel ou professionnel qui auraient été surprises de votre orientation professionnelle, ou aurait eu des aprioris sur le fait de voir une femme dans cette position ?

 

 

Ségolène : Dans mon entourage professionnel, certaines personnes étaient surprises de me voir m’orienter vers ce domaine, mais j’ai rapidement démontré que le genre n’est pas un obstacle à la réussite. Leurs réactions initiales ont été remplacées par le respect de mes compétences et de mon engagement envers notre mission commune.

 

Eunice : Pour ma part, pas du tout.

 

Shelby : Je n’ai eu aucun apriori dans mon entourage, à chaque fois, celui-ci me disait de poursuivre et de persévérer parce que « cette filière est l’avenir ».

 

 

Question 4 : Selon vous, qu’apporte le fait d’être une femme dans ce métier ?

 

Ségolène : Être une femme dans ce métier apporte une perspective différente et une diversité de pensées. Ce qui est essentiel pour la conception et la mise en œuvre de solutions innovantes, contribuant ainsi à la sécurité et à l’efficacité des transports.

 

Eunice : Comme annoncé en amont, je ne trouve absolument rien d’étrange ou de particulier à être une femme dans un milieu industriel dit « milieu d’hommes », je me suis toujours sentie à ma place et on me l’a toujours fait ressentir.

 

Shelby : Je pense que je réalise mes missions plus minutieusement. J’apporte mes idées en tant qu’étudiante et je pense avoir une autre approche des choses.

 

 

Question 5 : En une phrase qu’est-ce qui vous passionne le plus dans votre métier ? Qu’est-ce qui vous rend fière ?

 

Ségolène : Ce qui me passionne le plus dans mon métier, c’est la possibilité de contribuer à des projets concrets qui ont un impact sur la vie quotidienne des gens. Chaque succès est une source de fierté, car je sais que mon travail fait une différence.

 

Shelby : Je n’ai pas vraiment de tâches qui me passionnent, mais Ce qui m’intéresse le plus, c’est la variété de logiciels et de ressources dont j’ai besoin pour effectuer ma mission. Cela me permet d’apprendre plus de choses qui me sont utiles pour la vie de tous les jours.

 

Eunice : Je suis encore au début de mon alternance et pour le moment, je n’ai pas de très grandes responsabilités qui pourraient me faire aimer ou non ce métier, ou avoir de quoi être fière.

 

Question 6 : Quelle est votre vision sur l’égalité homme-femme au travail ?

 

Eunice : L’égalité homme-femme au travail est un sujet très délicat. Aujourd’hui, la femme n’est pas traitée à sa juste valeur dans certaines entreprises et je trouve ça horrible qu’un homme puisse gagner plus qu’une femme pour des postes similaires, sous prétexte qu’ils ne sont pas égaux. On est tous des Hommes et je ne pense pas que si la situation était inversée, cela aurait eu le même impact social. La femme, encore aujourd’hui, est vue comme un être faible et cela me révolte.

 

Ségolène : Je crois fermement en l’égalité homme-femme au travail. Chacun devrait avoir les mêmes opportunités de réussite et être évalué sur la base de ses compétences et de ses réalisations, indépendamment de son genre.

 

Shelby : Je sais qu’il y a des inégalités de salaires et de postes entre les femmes et les hommes ; même si une femme vient à faire exactement les mêmes tâches qu’un homme. Il y a des progrès de faits, mais ces inégalités persistent dans ces domaines.

 

Question 7 : Y a-t-il des femmes qui vous inspirent dans votre domaine, et quel conseil donnerez-vous à d’autres femmes qui envisagent une carrière similaire ?

 

Eunice : Aucune femme ne m’inspire dans ce domaine, je suis ma propre inspiration. Jusqu’à aujourd’hui, je n’ai aucun problème dans ce domaine. Je dirais à toutes de ne pas se laisser impressionner par la société. Normalisons le fait que la femme est capable de faire tout ce qu’un homme peut faire et arrêtons de voir le domaine industriel comme un « milieu pour homme ».

 

Ségolène : Mon conseil pour les autres femmes envisageant une carrière similaire serait de croire en leurs compétences, de rester curieuses et persévérantes et de saisir chaque opportunité pour se développer professionnellement.

 

 Il n’y a pas de femmes qui m’inspirent, car pour moi être dans un domaine comme celui-ci n’est pas un exploit, c’est quelque chose de normal. Pour moi, il ne faut pas appréhender le fait d’être dans un domaine dans lequel il y a plus d’hommes que de femmes parce que ce sont des personnes comme les autres. Au contraire, il faudrait normaliser le fait de travailler dans ces domaines.

 

 

 

Eunice, Ségolène et Shelby nous affirment avec force que le genre n’est et ne devrait jamais être un obstacle à l’engagement dans un domaine comme celui de l’électrique. Ces trois apprenties sont la preuve irréfutable que l’expression un « milieu d’hommes » ne signifie plus rien dans notre société actuelle.